Le nom des plantes

La nature étant désespérément endormie,

j’ai choisi de vous emmener à la découverte des noms des plantes.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous abreuver de noms latins (juste un peu !),

mais plutôt vous parler, le plus simplement possible, de l’historique de leur classification.

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Le grand tâtonnement

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En France, jusqu’à la fin de la guerre de 100 ans (1453),

la connaissance des plantes était très “terre à terre” :

bonnes à manger ou pas !

C’était surtout des fruits et légumes cultivés dans les jardins :

lentilles, oignons, navets, poires, raisins …

On les connaissait toutes, par leur nom local, 

souvent différent d’une région à l’autre.

Mais comme on voyageait très peu, cela ne gênait personne.

Seuls, quelques moines connaissaient “les simples” (menthe, sauge, ortie …)

on allait les consulter en cas de problème.

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Avec les Croisades, arrivent d’autres fruits nouveaux : abricots, oranges, citrons …

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Puis, vint le temps des Grandes découvertes, et avec elles,

haricots, tomates, ananas, mangues, avocats …

Cette abondance fascine.

Et déjà, certains chercheurs éprouvent le besoin de faire un peu de classement.

En voici quelques exemples.

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A cette époque-là, la botanique est surtout enseignée, 

dans les facultés de médecine (dont certaines ont un petit jardin botanique),

où on apprend aux futurs médecins et apothicaires, à se servir “des simples”.

Le plus ancien Jardin Botanique de France, est celui de Montpellier,

créé en 1593, intégré à l’Université de Médecine. 

Déjà, dans ce jardin, on va classer les plantes, selon leur milieu :

zone humide, lieu sec, ensoleillé, ombragé, sol sablonneux, caillouteux,

il y a même un espace pour les nouvelles plantes tropicales.

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Léonhart Fuchs

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 Médecin et botaniste flamand, né en 1501

Il va s’intéresser d’abord à la flore allemande,

dont il va décrire 400 espèces, en mentionnant surtout leurs vertus médicinales.

Il va tenter un premier classement, 

en s’appuyant uniquement  sur l’apparence des plantes :

fleurs, feuilles, couleurs …

Il va ainsi créer des familles de plantes comportant plusieurs espèces.

A toutes, il donne un nom latin, langue des médecins de l’époque.

Bien que ce classement n’ait rien de scientifique,

il est considéré comme le précurseur de la classification de la flore.

Un siècle plus tard, en hommage à ses travaux,

le moine botaniste Charles Plumier (je vous en reparlerai),

baptisa du nom de “Fuchsia”  une nouvelle plante

qu’il venait de découvrir à Saint-Domingue (Haïti d’aujourd’hui)

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                                                                          (Photos prises sur l’île de La Réunion)

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Charles de l’Écluse

(Carolus Clusius en latin)

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Né à Arras en 1526, il fait d’abord des études de droit, puis de médecine.

Ensuite il étudie la botanique … à Montpellier.

Passionné par la découverte de nouveaux végétaux,

il va voyager dans toute l’Europe : Espagne, Portugal, Hongrie …

Il s’intéresse à toutes les plantes : alimentaires, médicinales, 

mais aussi, à celles qui n’ont aucune utilité connue.

Il fait vraiment un inventaire de la nature,

car il réalise un travail identique  pour la faune.

Lors de ses voyages, il obtiendra de l’Ambassadeur d’Autriche à Constantinople (Istanbul),

un bulbe de tulipe, qu’il acclimatera dans son jardin,

et qu’il fera connaître aux Hollandais avec le succés qu’on connaît encore aujourd’hui.

Il sera aussi le premier à décrire la pomme de terre, 

plus d’un siècle avant Parmentier.

Il écrira plusieurs flores et un traité sur les champignons,

tous illustrés de gravures extrêmement précises.

Dans ses flores, il classe les végétaux en grands groupes :

champignons, fougères, ombellifères, légumineuses, arbres et arbustes,

plantes comestibles, médicinales, toxiques …

Si cette classification est encore un peu floue,

 le nombre et la précision de ses descriptions,

en font un botaniste renommé.

40 ans après sa mort, le moine botaniste Charles Plumier (encore lui !),

lui a dédié le genre Clusia de la famille des Clusiacées (famille aujourd’hui très remaniée …)

Aujourd’hui, plusieurs espèces portent son nom, 

comme Tulipa clusiana : la tulipe de L’Écluse, tulipe sauvage,

signalée dans les vieilles flores du Gard (Coste, De Pouzolz),

espèce protégée devenue rare.

Facile à reconnaître, les pétales sont blancs et rouges,

alors que les autres tulipes sauvages sont rouges ou rouges et jaunes.

 

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                                                               (Photos wikipédia)

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(à suivre …)