Je ne peux pas vous parler de Lanzarote,
sans vous parler d’abord, de César Manrique.
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César Manrique est né sur l’île de Lanzarote en 1919.
Il y grandit jusqu’à l’âge de l’Université.
Il s’inscrit à celle de San Cristobal de la Laguna sur Tenerife,
où il suit des cours d’urbanisme.
Mais sa véritable passion c’est la peinture.
Il s’inscrit à l’Ecole des Beaux Arts de Madrid,
il en sortira avec une maîtrise de peinture et de dessins.
Parallèlement à ses études,
il fait quelques expositions.
Aquarelles, dessins, peintures, sculptures …
Il sait tout faire …
… Mais ce qu’il préfère, c’est peindre son île volcanique.
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Nelson Rockefeller lui achète plusieurs toiles et l’invite aux Etats Unis, où il restera 5 ans.
Il devient célèbre.
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En 1969, il revient aux Canaries …
Cherchez l’erreur !
La photo du haut a été prise à Rio de Janeiro, en 2010,
la photo du bas, sur Tenerife en 2013.
Des favelas de pauvres et des favelas de touristes …
A cette époque, l’Espagne développe un tourisme de masse
et bétonne toutes les plages et les collines environnantes.
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César Manrique décide alors de s’installer à Lanzarote,
pour “sauver son île” et en faire “un des endroits les plus beaux du monde”.
Il lui faudra beaucoup de courage, de ténacité et même un certain toupet,
pour convaincre les habitants et les élus, de ne pas céder à l’argent facile,
de conserver les paysages (lave noire et maisons blanches),
de mettre en valeur l’île, sans la détruire.
et surtout qu’il est possible de concilier “tourisme” et “respect de la Nature”,
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Pour convaincre, rien ne vaut un bon exemple !
Il décide de construire sa propre maison.
Il achète un champ de 30 ha de laves noires,
il y découvre des bulles volcaniques :
sa maison sera souterraine, chaque bulle abritera une pièce, reliée aux autres par des galeries.
La maison est ancrée sur la lave.
Des bulles volcaniques sortent des palmiers, des figuiers …
Dans les bulles, au sous-sol, des coins repos sont aménagés.
La piscine est encastrée dans la lave.
Il dessine aussi le jardin, planté d’espèces adaptées au climat de Lanzarote.
De la route, on distingue à peine la maison,
tant elle est intégrée au paysage.
Comme à son habitude, il crée aussi le mobilier, la décoration,
les poignées de portes, les luminaires …
… le portail,
et les immanquables mobiles, qui accompagneront tous ses aménagements futurs.
Il les appelle “les jouets du vent”.
Car la maison est belle, agréable à vivre, intégrée dans les rochers et les coulées de lave …
A partir de ce moment, les élus sont convaincus,
et vont lui soumettre beaucoup de projets :
maisons, musées, caves, mises en valeur de paysages naturels, miradors,
comme celui del Pamarejo, déjà vu sur La Gomera. (plans ci-dessous)
L’île lui doit d’avoir été classée par l’UNESCO,
“Réserve de biosphère”
Artiste né, dessinateur infatigable, inventif,
ses créations donnent une idée de liberté, de facilité …
Et pourtant, César Manrique sait ce qu’il veut :
gare aux maçons ou jardiniers qui ne suivraient pas exactement ses plans …
à refaire !
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Son parcours et sa façon de concevoir l’architecture,
rappellent ceux d’Armand Pellier,
architecte nîmois, d’abord sculpteur, puis compagnon tailleur de pierres,
peintre et dessinateur, qui a parsemé ses villas dans la garrigue nîmoise.
Libre mais volontaire, jovial mais exigeant,
il avait su, comme César Manrique, s’entourer d’une petite équipe de maçons “à lui” …
Il disait toujours :
“Je dessine, la technique doit suivre”
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