Février : ailleurs dans le monde

Un petit bout d’Australie

***

Nous avons fait plusieurs voyages sur cette île continent.

On y trouve tous les milieux :

déserts et forêts humides,

barrière de corail et marécages,

villes animées et îles sauvages.

Ce mois-ci, j’ai choisi de vous amener, sur une île singulière,

classée au Patrimoine Mondial de L’Unesco,

où forêt primaire, palmiers et eucalyptus poussent sur un long banc de sable.

Bienvenue sur 

Fraser Island

***

 

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Située à quelques kilomètres de Brisbane,

l’île Fraser est la plus grande île de sable du monde.

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 Quand nous arrivons avec le bateau,

nous avons beaucoup de mal à distinguer l’hôtel.

Il est complètement caché dans la végétation.

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Tout en bois, voiles et verre,

il se fond complètement dans le paysage.

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Les chambres se faufilent entre les eucalyptus …

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… Et les points d’eau.

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 De notre terrasse, nous passons des heures à observer les oiseaux

qui fréquentent notre mare :

aigrettes, grands perroquets blancs qui chantent dans les arbres dès la tombée du jour,

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et des  pics blancs, bleus et vert pistache,

qui se régalent des petits insectes  cachés dans les fleurs de ce “Grass tree”.

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Aux abords de l’hôtel, des voiles couvrent les petits chemins de planches.

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Palmiers, lianes fleuries, Banksias, fougères …

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… Pandanus, cycas …

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… Et d’autres petites fleurs inconnues.

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Le lendemain, nous partons visiter l’île.

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A moins d’être le vainqueur du Paris/Dakar,

il est formellement déconseillé de partir seul en voiture …

car sur une île sableuse, les pistes sont … en sable.

Il est donc préférable de prendre une excursion de l’hôtel.

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Nous arrivons en bord de mer :

grandes dunes ocres, mer bleue …

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… mais ici pas de baignade :

grosses vagues, forts courants et requins très présents,

font que la mer n’est vraiment pas très hospitalière.

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L’épave du Maheno, bateau poussé sur la plage par les courants et de forts vents,

est aujourd’hui recouverte par la rouille et incrustée de coquillages.

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Nous repartons vers une zone de forêt sèche,

peuplée d’eucalyptus, de pandanus, de banksias, de palmiers…

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Le sol est un grand tapis de feuilles mortes, amélioré de champignons, 

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de graines, 

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et même de fourmis au ventre doré, belles mais piquantes.

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Nous reprenons notre piste sableuse, de plus en plus étroite,

pour arriver dans la forêt humide.

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Tout change :

petit ruisseau, immenses Karris (espèce d’Eucalyptus), Araucarias, Agathis,

grandes fougères et figuiers étrangleurs, 

poussent dans le sable .

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Il fait très chaud, 35°C à l’ombre des arbres,

mais nous ferons une longue et agréable marche pour traverser cette forêt.

Aussi, quand nous découvrons le Lac MacKensie,

tout le groupe n’a qu’une seule idée : se baigner.

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Sable blanc, eau bleue transparente, 

et pantalons et T-shirts sont vite sur la plage.

Tout le monde se jette à l’eau …

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Pas pour longtemps : l’eau est glaciale !!!

Bien sûr le groupe d’Australiens et le couple d’Anglais,

vont continuer à papoter dans l’eau …

Mais nous, les Méditerranéens (Italiens et Français),

nous retournons vite nous sécher sur le sable .

Malgré ce bain froid, c’était une belle journée.

***

 

Une belle histoire australienne

Il était une fois …

Cela se passe en Australie, en 1994, dans le Parc national de Wollemi,

à 150 Km au Nord-Ouest de Sydney.

Un ranger (David Noble), ayant des talents d’alpiniste,

fait son inspection habituelle dans le parc.

Au fond d’une étroite vallée,

il aperçoit une très grande “fougère arborescente” qui lui est inconnue.

Intrigué, (et c’est là que ses talents d’alpiniste vont lui servir) 

il descend dans une gorge très étroite encore inexplorée.

Arrivé au pied de la “fougère”,

et constatant qu’il y en avait une bonne trentaine,

il récupère quelques échantillons de feuillage,

de nombreux petits plants qui poussent aux alentours.

et amène tout cela aux responsables du parc.

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– Une grande fougère arborescente de 40 m de haut,

– Des feuilles vert foncé,

– Une écorce qui ressemble à du chocolat liquide en train de bouillir,

– Des petits plants qui se sont ressemés tous seuls …

Sa description n’évoque rien de connu aux responsables du parc,

ni aux botanistes du Jardin Botanique de Sydney,

appelés à la rescousse.

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Une expédition est donc lancée …

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Sur place, il faut se rendre à l’évidence,

c’est une espèce nouvelle.

Ils vont d’abord, l’appeler “Wollemi Pine” : Pin de Wollemi, du nom du parc d’origine.

Il faudra des tests ADN, pour trouver l’appartenance du Pin de Wollemi

à la famille des Araucariacées, qui comprend déjà les genres :Araucaria et Agathis.

Ils créent un nouveau genre Wollemia.

Il sera rebaptisé Wollemia nobilis (de Noble le nom de son ranger découvreur).

  

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Photos prises au Musée de Brisbane :

– en haut : fossile d’Araucaria datant du Crétacé (95 millions d’années)

– en bas : feuilles séchées de Wollemia nobilis

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Reste à protéger cette espèce nouvelle !

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La grande peur des botanistes australiens,

est de perdre l’espèce de façon naturelle : incendies, maladies …

Mais ils craignent aussi les collectionneurs peu scrupuleux,

ainsi que des spéculateurs qui s’empareraient de graines pour les revendre à prix d’or.

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Plusieurs mesures radicales vont être prises :

1- L’espèce est protégée par la loi en 1995,

2- Le parc Wollemi est fermé aux promeneurs,

3- Les chercheurs qui travaillent sur le site sont soumis à des mesures sanitaires strictes : (chaussures trempées dans le désinfectant, outils stérilisés …)

4- Le lieu exact de la découverte est tenu secret,

5- Pour contenter les curieux,

quelques spécimens sont plantés dans le Jardin Botanique de Sydney,

6- Une grande campagne de multiplication est lancée : boutures, semis …

7- Enfin, en 2006, un Pin de Wollemi est offert aux plus beaux Jardins Botaniques du Monde.

Tout cela pour :

– prévenir la perte de la population naturelle

– arrêter toute spéculation,

– augmenter les chances de préservation de l’espèce.

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En France, vous pouvez voir un Pin de Wollemi au :

– Jardin des Plantes de Paris,

– Musée du quai Branly,

– Parc de la Tête d’Or à Lyon,

– Parc Phœnix de Nice,

et aussi à Lille, Bordeaux, Nancy, Angers, Monaco …

Malgré cela, cela reste l’une des espèces d’arbres, les plus rares du monde.

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Balade au Jardin Botanique de Sydney

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C’est sous une pluie tenace (il fallait vraiment être motivés…)

que nous sommes partis à la recherche du Pin de Wollemi,

dans ce magnifique jardin.

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Tous les moyens sont bons pour avoir une photo de ce jeune exemplaire.

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En période de repos, une calotte cireuse d’un blanc rosé protège la pointe.

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Si les feuilles matures sont vert foncé, les nouvelles pousses sont vert tendre.

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Plus loin, un exemplaire planté en 1995. 

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Dans le coin “pépinière”, des petits pins, en container,

prêts à être expédiés.

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Le rosier banksia

 

Suite à ma note sur Joseph Banks et ses banksias,

j’ai reçu ce commentaire de Cathy :


“ok, d’où l’origine de la variété ancienne du rosier banksias,

créé en l’honneur de lady Banks épouse du célèbre botaniste Joseph Banks :

magnifique rosier sans épine à fleurs jaunes ou blanches trés parfumées

qui recouvre des tonnelles et surtout exempt de maladie “

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Je suis impardonnable de l’avoir complètement oublié !
Pour me faire pardonner, je vous mets une photo de mon rosier Banksia,
qui grimpe dans ma haie de cyprès.

C’est la variété jaune, et bien sûr, la photo a été prise au printemps.

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Merci Cathy !

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Des hommes et des plantes : Joseph Banks

Il y a d’autres hommes qui n’ont pas fait d’essais de classification,

mais qui ont laissé leur nom à des plantes.

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Joseph Banks

Naturaliste, né à Londres en 1743.

Très jeune, il se passionne pour la botanique,

et constitue un important herbier.

Il s’intéresse aux travaux de Carl von Linné dont il adopte la nomenclature binominale.

Il participe à plusieurs expéditions (Terre Neuve, Labrador),

d’où il rapporte plantes, oiseaux, et mammifères, inconnus alors en Europe.

À son retour, il renconte Sydney Parkinson, illustrateur écossais,

qui dessinera les planches de ses trouvailles.

Il n’a que 25 ans, quand il embarque sur l’Endeavour,

commandé par le Capitaine Cook, pour faire un voyage autour du monde.

Sydney Parkinson est aussi du voyage.

 

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                                                                                                                             (Gravures Wikipedia)

À chaque escale (Madère, Rio,Terre de Feu, Tahiti …) il récolte de nouvelles plantes.

Bientôt, l’Endeavour jette l’ancre dans une magnifique et grande baie.

Banks et Solander, un naturaliste suédois qui fait aussi partie du voyage,

vont découvrir une si grande quantité de plantes nouvelles,

qu’ils vont baptiser la baie “la Baie de la Botanique”.

“Botany Bay”, où s’établira ensuite la ville de Sydney.

Des échantillons de plantes sont ramenés sur le navire,

pour que Parkinson les dessine, puis séchés afin d’être ramenés en Angleterre.

Ils repartiront vers le Nord de l’Australie, en longeant la côte,

mais le voyage, si bien commencé, va tourner au cauchemar.

D’abord, le bateau va heurter la Grande Barrière de Corail.

Les avaries sont si importantes qu’elles nécessitent sept semaines de travaux.

Ensuite, il vogue vers Java, infestée par les fièvres.

Presque la moitié des hommes vont périr,

et avec eux, Sydney Parkinson, le dessinateur.

Trois ans après son départ, le bateau revient en Angleterre,

ramenant une superbe collection de plantes,

mais aussi de coquillages, graines, insectes …

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Banks sera élu Président de la “Royal Society” .

Il favorisera d’autres expéditions, dans d’autres pays du monde,

et essaiera d’acclimater les plantes ramenées dans les “Jardins botaniques de Kew”.

En 1782, le fils de Linné, Carl von Linné le Jeune,

va créér le genre Banksia, en s’appuyant sur les quatre planches de Parkinson.

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Toutes  les espèces de Banksiasauf une

(Banksia dentata que l’on trouve aussi en Nouvelle-Guinée)

sont endémiques de l’Australie.

On les trouve principalement sur la côte Sud-Ouest de l’Australie (Nord et Sud de Perth),

sur la côte Est (de Sydney au Cap York) et dans le Queensland.


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Voici les quatre planches dessinées par Sydney Parkinson

des Banksias découvertes par Joseph Banks.

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1- Banksia serrata

2- Banksia integrifolia

3- Banksia dentata

4- Banksia ericifolia

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Banksia serrata

(feuilles étroites fortement dentées)

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Banksia integrifolia

(feuilles non dentées)

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Banksia dentata

(feuilles larges, légèrement dentées)

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 Banksia ericifolia

(feuilles ressemblant à celles de la bruyère)

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Il y en a bien d’autres : jaune orangé, vermillon,

et même des rouges …

toutes aussi belles.

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(Les reproductions de gravures, ainsi que les deux photos de Banksia ericifolia, ont été prises sur wikimedia.

Toutes les autres photos ont été prises en Australie)

 

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Le nom des plantes (suite et fin)

Dans mes dernières notes, je vous vous ai montré les difficultés des botanistes,

à trouver une classification logique des végétaux.

Depuis le travail de Leonhart Fuchs, 

il s’est passé 200 ans sans qu’aucun ne trouve la bonne solution.

Toutes les classifications proposées sont basées sur des ressemblances physiques,

utilitaires ou regroupées selon leur habitat.

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Carl von Linné

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Botaniste suédois né en 1707. 

Il fait d’abord des études de médecine,

mais se passionne pour la botanique.

C’est à Uppsala (Suède), qu’il commence à concevoir sa classification des plantes,

 basée sur les organes reproducteurs et les fructifications.

Il publiera “Systema Naturea” (les systèmes de la nature),

où il présente les minéraux, les animaux et les végétaux.

Concernant uniquement la botanique,

il publiera “Species plantarum” (les espèces de plantes),

où il décrit et nomme toutes les plantes connues en Europe.

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Sa classification des végétaux est simple mais méthodique :

– D’abord, il impose le latin, comme langue “officielle” des botanistes.

car les noms courants, changent d’un pays à l’autre et même d’une région à l’autre.

De nos jours, cette langue de référence est toujours utilisée,

ce qui est bien pratique quand on herborise à l’étranger.

– Ensuite, il va donner à chaque plante deux noms : un pour le genre  et un pour l’espèce.

Exemple proche de chez nous :

Famille : conifères,

genre : Pinus (pin)

espèce : halepensis (d’Alep)

Le nom de l’espèce peut faire allusion à un caractère de la plante :

grandiflora (à grandes fleurs), alba  (blanc),

à son pays d’origine :

Pinus halepensis (Pin d’Alep),

Cistus monspeliensis (Ciste de Montpellier)

ou, comme on l’a vu dans mes notes précédentes,

au nom du découvreur,

mais aussi pour honorer,

ou remercier, une personne qui a joué un rôle dans la botanique.

Le premier ouvrage français utilisant cette classification,

a été le “Catalogue des espèces cultivées dans le Jardin Botanique de Montpellier”.

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Une plante qu’il aimait particulièrement, porte son nom :

 

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                                                                                        (Photo wikimedia)

La Linnée boréale (Linnaea borealis),

petite plante qui pousse dans les forêts de sapins de la zone boréale :

Canada, Laponie, certaines montagnes d’Europe.

Il y a quelques stations dans les Alpes où elle est rare et protégée.

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De nos jours, la classification de Linné est toujours employée, 

même si des mises à jour interviennent fréquemment : 

 espèces, genres ou familles qui changent de nom,

nouvelles familles créées …

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Un exemple,

avec une famille de plantes qui poussent dans nos garrigues.

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Famille des Cistacées

 8 à 10 genres, environ 200 espèces, surtout, sur le pourtour méditerranéen.

Caractéristiques communes :

– Arbrisseaux ou plantes herbacées souvent poilues ou velues.

– Feuilles simples souvent opposées, parfois collantes et persistantes.

– Fleurs à 5 pétales, frippés, délicats et éphémères.

– Fruits sous forme de capsules.

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Dans les garrigues de Lédenon, j’ai trouvé trois genres :

– Les Cistes,

– les Hélianthèmes,

– Les Fumanas .

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Les Cistes

– Arbrisseaux ou sous-arbrisseaux de 40 cm à 2 m, à fleurs grandes.

– Leurs fruits sont des capsules divisées en 5 à 10 loges.

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Cistus albinus : Ciste blanc ou cotonneux

Ce sont les caractères des feuilles qui donnent le nom, car les fleurs sont roses.

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Cistus monspeliensis  : Ciste de Montpellier

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Cistus salviiflorus : Ciste à feuilles de sauge

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Si vous vous promenez dans la région de Générac,

vous aurez peut-être la chance de voir ce ciste, assez grand, avec de grandes fleurs,

maculées de rouge sang.

Cistus ladanifer : Ciste à gomme

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dans la région du Vigan :

Cistus laurifolius : Ciste à feuilles de laurier 

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Vers l’Aude, l’Hérault, et même l’Espagne,

Cistus populifolius : Ciste à feuilles de peuplier

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Sur les îles de la Méditerrannée : Crète, Chypre,

Cistus parviflorus : Ciste à petites fleurs

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Tous ces cistes poussent naturellement,

mais si vous allez chez les pépiniéristes, vous trouverez, en plus, des cistes hybrides.

 

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Cistus x purpureus : Ciste pourpre

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Cistus x purpureus “Alan Fradd” : la variété blanche du ciste pourpre

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Cistus x hybridus var.corbariensis : Ciste des Corbières

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et le plus beau :

Cistus x aguilari

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Les Hélianthèmes

– Sous-arbrisseaux ou herbes de 6 à 50 cm, à petites fleurs.

– Leurs fruits sont des capsules divisées en 2 ou 3 loges.

– Leurs étamines, nombreuses, sont toutes fertiles.

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Helianthemum apenninum : Hélianthème des Apennins

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Helianthemum salicifolium : hélianthème à feuilles de saule

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Les Fumanas

Presque les mêmes caractéristiques que les Hélianthèmes,

sauf en ce qui concerne les étamines et les graines,

différences qui sont difficiles à voir à l’oeil nu.

Je n’ai trouvé qu’une seule espèce aux Garrigues Basses de Lédenon.

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Fumana thymifolia : Fumana à feuilles de thym

La photo du bas a été prise hier, 

(on voit bien les capsules ouvertes qui ont libéré leurs graines)

celle du haut, au printemps dernier.

(Vous remarquerez une plante de thym , en fleur juste à côté,

et c’est vrai que les feuilles se ressemblent beaucoup).

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Le nom des plantes (suite)

Et voici un autre botaniste que j’ai déjà évoqué dans les notes précédentes.


Charles Plumier

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Moine botaniste né à Marseille en 1646.

Il étudie la botanique à Rome.

de retour en France, il herborise dans les îles d’Hyères,

en Provence et en Languedoc.

C’est aussi un excellent peintre et dessinateur,

et ses descriptions de plantes sont toujours accompagnées de planches de dessins.

Il constitue un important herbier sur notre région.

Puis, il part explorer les Antilles : Guadeloupe, Martinique, Saint-Domingue …

Il rapporte de ses voyages des herbiers illustrés de planches,

décrivant 106 genres nouveaux qu’il baptise à son idée.

C’est lui qui prend l’habitude de donner aux genres nouveaux,

les noms des botanistes voyageurs :

Fuchsia en l’honneur de Leonhart Fuchs,

Lobelia en l’honneur de Mathias de l’Obel

(botaniste qui a produit une flore des environs de Montpellier,

et qui classe ses plantes grâce à la forme des feuilles),

et de bien d’autres dont je vous parlerai plus tard.

Il découvrira et dessinera plus de 4000 végétaux,

ce qui fera l’admiration des autres botanistes.

Quelques années après sa mort, Linné donnera son nom à un nouveau genre botanique,

d’abord appelé Plumiera, puis changé en Plumeria.

C’est le Frangipanier des Antilles.

 

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                                                                             (Photos prises à la Guadeloupe) 

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Joseph Pitton de Tournefort

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Botaniste né à Aix-en-Provence en 1656

Il étudie la médecine, puis la botanique à Montpellier.

Il voyage en Europe : Espagne, Angleterre, Hollande …

Il en ramène un imposant herbier.

Il publiera “une méthode pour connaître les plantes”.

Puis Louis XIV, l’envoie herboriser dans le Levant (Turquie, Liban, Syrie, Israël, Jordanie …) 

et en Afrique.

Il publiera plusieurs récits de ses voyages,

parlant aussi bien de botanique, d’archéologie que d’architecture.

Il ramène 1350 plantes nouvelles de 25 genres nouveaux.

Il crée sa classification en s’appuyant :

– sur la grandeur et la consistance des tiges (herbes, arbrisseaux, arbres),

– sur la forme des fleurs et des fruits.

Charles Plumier lui dédie le genre Pittonia,

rebaptisé par Linné : Tournefortia

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                                                                               (Photos prises à La Réunion et en Polynésie) 

Le Veloutier : Tournefortia argentea

la plante s’appelle aujourd’hui :

Heliotropium foertherianum

 

 ***


Le nom des plantes

La nature étant désespérément endormie,

j’ai choisi de vous emmener à la découverte des noms des plantes.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous abreuver de noms latins (juste un peu !),

mais plutôt vous parler, le plus simplement possible, de l’historique de leur classification.

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Le grand tâtonnement

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En France, jusqu’à la fin de la guerre de 100 ans (1453),

la connaissance des plantes était très “terre à terre” :

bonnes à manger ou pas !

C’était surtout des fruits et légumes cultivés dans les jardins :

lentilles, oignons, navets, poires, raisins …

On les connaissait toutes, par leur nom local, 

souvent différent d’une région à l’autre.

Mais comme on voyageait très peu, cela ne gênait personne.

Seuls, quelques moines connaissaient “les simples” (menthe, sauge, ortie …)

on allait les consulter en cas de problème.

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Avec les Croisades, arrivent d’autres fruits nouveaux : abricots, oranges, citrons …

***

Puis, vint le temps des Grandes découvertes, et avec elles,

haricots, tomates, ananas, mangues, avocats …

Cette abondance fascine.

Et déjà, certains chercheurs éprouvent le besoin de faire un peu de classement.

En voici quelques exemples.

***

A cette époque-là, la botanique est surtout enseignée, 

dans les facultés de médecine (dont certaines ont un petit jardin botanique),

où on apprend aux futurs médecins et apothicaires, à se servir “des simples”.

Le plus ancien Jardin Botanique de France, est celui de Montpellier,

créé en 1593, intégré à l’Université de Médecine. 

Déjà, dans ce jardin, on va classer les plantes, selon leur milieu :

zone humide, lieu sec, ensoleillé, ombragé, sol sablonneux, caillouteux,

il y a même un espace pour les nouvelles plantes tropicales.

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Léonhart Fuchs

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 Médecin et botaniste flamand, né en 1501

Il va s’intéresser d’abord à la flore allemande,

dont il va décrire 400 espèces, en mentionnant surtout leurs vertus médicinales.

Il va tenter un premier classement, 

en s’appuyant uniquement  sur l’apparence des plantes :

fleurs, feuilles, couleurs …

Il va ainsi créer des familles de plantes comportant plusieurs espèces.

A toutes, il donne un nom latin, langue des médecins de l’époque.

Bien que ce classement n’ait rien de scientifique,

il est considéré comme le précurseur de la classification de la flore.

Un siècle plus tard, en hommage à ses travaux,

le moine botaniste Charles Plumier (je vous en reparlerai),

baptisa du nom de “Fuchsia”  une nouvelle plante

qu’il venait de découvrir à Saint-Domingue (Haïti d’aujourd’hui)

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                                                                          (Photos prises sur l’île de La Réunion)

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Charles de l’Écluse

(Carolus Clusius en latin)

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Né à Arras en 1526, il fait d’abord des études de droit, puis de médecine.

Ensuite il étudie la botanique … à Montpellier.

Passionné par la découverte de nouveaux végétaux,

il va voyager dans toute l’Europe : Espagne, Portugal, Hongrie …

Il s’intéresse à toutes les plantes : alimentaires, médicinales, 

mais aussi, à celles qui n’ont aucune utilité connue.

Il fait vraiment un inventaire de la nature,

car il réalise un travail identique  pour la faune.

Lors de ses voyages, il obtiendra de l’Ambassadeur d’Autriche à Constantinople (Istanbul),

un bulbe de tulipe, qu’il acclimatera dans son jardin,

et qu’il fera connaître aux Hollandais avec le succés qu’on connaît encore aujourd’hui.

Il sera aussi le premier à décrire la pomme de terre, 

plus d’un siècle avant Parmentier.

Il écrira plusieurs flores et un traité sur les champignons,

tous illustrés de gravures extrêmement précises.

Dans ses flores, il classe les végétaux en grands groupes :

champignons, fougères, ombellifères, légumineuses, arbres et arbustes,

plantes comestibles, médicinales, toxiques …

Si cette classification est encore un peu floue,

 le nombre et la précision de ses descriptions,

en font un botaniste renommé.

40 ans après sa mort, le moine botaniste Charles Plumier (encore lui !),

lui a dédié le genre Clusia de la famille des Clusiacées (famille aujourd’hui très remaniée …)

Aujourd’hui, plusieurs espèces portent son nom, 

comme Tulipa clusiana : la tulipe de L’Écluse, tulipe sauvage,

signalée dans les vieilles flores du Gard (Coste, De Pouzolz),

espèce protégée devenue rare.

Facile à reconnaître, les pétales sont blancs et rouges,

alors que les autres tulipes sauvages sont rouges ou rouges et jaunes.

 

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                                                               (Photos wikipédia)

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(à suivre …)



Devinette : la réponse

Avez-vous trouvé ?

Et oui, Cathy a encore trouvé !!!

et c’est la seule.

DSC03441 copie 3.JPG

C’est la coupe d’un tronc … Mais pas d’un arbre …

DSC03442 copie 3 - Version 2.JPGDSC03442 copie 4.JPGDSC01675 - Version 2.JPG

 Il s’agit du tronc d’une fougère arborescente,

dont on voit les cicatrices laissées par les frondes mortes,

traces que l’on retrouve sur certains fossiles.

 

flore,fougères

                                                                                 (Photo Wikipédia)


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