Enfant, je passais souvent mes vacances,
dans le “mas” (là-bas, on dit “la campagne”), de mon arrière-grand-mère,
quelque part dans la Montagne de Lure.
Là, les enfants “sages” que nous étions d’habitude,
se transformaient en véritables Sioux,
pour observer le premier écureuil,
ou pour annoncer, les premiers, l’arrivée du bouilleur de lavande.
Nous rentrions fatigués mais heureux de toutes nos découvertes,
prendre le petit déjeuner, à la maison.
***
Chez nous, le petit-déjeuner se faisait au fromage.
Eh oui ! mon arrière-grand-mère avait des chèvres,
avec qui elle faisait “ses petits Banons à elle”.
Rien à voir avec ceux qu’on pouvait manger ailleurs.
Cela venait-il des poires que les chèvres “volaient”
sur les deux poiriers qui soutenaient les fils de l’étendoir,
(il leur arrivait aussi de manger le linge !!!),
ou simplement de l’eau de source ?
***
Eh bien, non !
Mon arrière-grand-mère avait un secret :
“le Pèbre d’Ail”.
( ou pébre d’aï ou pèbre d’ase, selon les régions, qui veut dire “poivre d’âne)
Une fois ses fromages formés, elle les faisait sécher sur une couche de “Pèbre d’Ail”,
(qu’on allait chercher derrière la maison),
dans un endroit aéré de son grenier.
Cela leur donnait un goût très particulier, semblable à nul autre.
***
Pendant longtemps, je n’ai pas cherché à savoir le nom exact de cette plante.
Après tout, on connaît bien une plante quand on en connaît l’usage.
Connaître son nom latin, n’ajoute rien à l’affaire !
Ce n’est que bien plus tard, que m’intéressant à la botanique,
je découvris son nom :
Satureja montana, c’est-à-dire la Sarriette.
C’est une petite plante vivace,
à feuilles coriaces, d’un beau vert sapin et très aigües.
Elle appartient à la famille des Lamiacées,
comme le thym, la lavande, le romarin …
Surtout connue comme plante aromatique,
(fromages, mais aussi ragoûts, lapins …)
c’est aussi une plante médicinale aux propriétés digestives et antiseptiques,
utilisée déjà par les Grecs pour faciliter la digestion des féculents
“pour éviter les lendemains qui chantent”.
C’est une plante du Midi, qui pousse en terrain calcaire,
sur les collines ensoleillées.
J’en ai trouvé à Ledenon, en Garrigues Basses.
***
Il y a quelques années, à la recherche d’un ancêtre lointain,
je me suis arrétée devant cette “campagne”.
La maison a été restaurée, branchée sur l’eau du village et équipée de tout le confort moderne.
Le linge ne sèche plus entre les deux poiriers, morts depuis longtemps,
mais cela n’a pas d’importance,
car il n’y a plus de chèvres …
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tempus fugit
tout fout le camp…
et vive la sarriette et le pèbre d’ail ;-D
bonjour
je ne mets pas tous les jours un doc…..mais je vous lis tous les jours et j’adore votre blog, étant moi même Cévenole de 70 ans , aimant ma campagne
je suis de Lassalle , exactement de St Bonnet de la Salindrinque
j adore vos sujets , images et explications …C’est superbement illustré et raconté
mes félicitations , bravo
Amitiés d’une Cévenole
à demi-vauclusienne et demi provençale ….. la sarriette est appelé ” pebre d’ase ” ( poivre d’âne )
toujours merci ….
Oui, Anne-Marie, le nom de la sarriette “en dialecte local” varie selon les régions … je l’ai signalé sur le blog. merci