Espèces animales invasives (suite)

 Voilà un exemple d’introduction volontaire, strictement pour l’agrément.

En 1968, un particulier importe des Etats Unis, une dizaine d’exemplaires de

Grenouille Taureau

(Rana catesbeiana)

pour agrémenter un petit étang dans sa proprièté, près de Bordeaux.

Grenouille-taureau.jpg

Cette grenouille est impressionnante :

– par sa taille (15 à 20 cm), et jusqu’à 40 cm en extension, pendant les sauts.

– par son poids (600 g en moyenne).

– par ses couleurs : brun, vert olive doré.

– par la longueur de ses tétards (jusqu’à 15 cm).

– par le cri des mâles, qui ressemble au beuglement des taureaux.


Mais voilà, elle est aussi impressionnante dans sa reproduction :

– 2 pontes par an, jusqu’à 20000 œufs par ponte.


L’invasion 

Au bout de quelques années, des grenouilles se sont échappées et ont colonisé les espaces d’eau voisins, fuyant ainsi la surpopulation de leur étang d’origine.

Cette espèce fait preuve d’une grande capacité à s’adapter à son nouveau milieu, mais aussi, à se déplacer dans d’autres régions, en utilisant les cours d’eau.


Aujourd’hui

Elle a envahi toutes les zones humides de la région Aquitaine.

La grenouille taureau est aujourd’hui, présente en Camargue.


Problème

C’est un gros prédateur.

Elle mange tout ce qu’elle peut capturer : poissons, alevins, tétards, petites grenouilles, poussins d’oiseaux aquatiques, écrevisses, libellules… et même des tétards de son espèce…

Ses tétards se nourrissent d’œufs de poissons ou d’autres tétards.

A ce rythme, elle a vite fait de rompre l’équilibre naturel de nos zones humides.

De plus, elle met en danger les espèces natives de batraciens et autres poissons.


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Seul moyen trouvé pour s’en dévarrasser : la capture (grenouilles ou tétards) et l’élimination.

Son importation est interdite dans tous les pays européens.

On aurait pû introduire un prédateur naturel (poissons carnassiers)…

Mais le remède est quelquefois plus terrible que le mal…

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Exemple d’introduction volontaire pour le commerce alimentaire

L’écrevisse de Louisiane

(Procambarus clarkii) 

Ecrevisse-1.jpg

Ecrevisse-2.jpg

Originaire de Louisiane, elle est très appréciée aux Etats Unis et au Canada.

Elle a été introduite en Europe, pour l’élevage à des fins alimentaires.


– Elle est grande (12 cm de long), et possède de grandes pinces,

– La femelle adulte peut pondre toute l’année, jusqu’à 500 œufs à chaque ponte.

– Écrevisse d’eau douce, elle peut supporter des eaux à forte salinité.

– Elle est très résistante à la sécheresse ou au gel, s’interrant dans le sol en cas de mauvaises conditions climatiques.


L’invasion

Échappée des élevages, perdue lors de transport, ou imprudence des pêcheurs qui l’utilisaient comme appât, les causes de son invasion sont nombreuses.


Aujourd’hui

En France, elle colonise tous les marais du bord de la Garonne et du Poitou-Charentes.

Elle est présente en Camargue.


Problème

Elle est carnassière : elle se nourrit de tétards, d’escargots, de petits poissons,

alimentation habituelle des oiseaux aquatiques tels que les canards, qui préfèrent changer de plan d’eau. 

Par son activité débordante, elle déracine la végétation aquatique, même dans les rizières.

Comme le ragondin, elle creuse des galeries sous les berges et dans les digues, les fragilisant en cas de crues.

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En France, tous les transports d’écrevisses vivantes sont interdits.

Son utilisation comme appât est très controlée.

Beaucoup de restaurants l’ont mise à leur menu .

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Exemple d’introduction volontaire pour la défense de l’homme contre un autre animal

(lutte biologique)

 Le Gambusia

(Gambusia affinis)

 

Gambusia.jpg

 

Originaire des Etats Unis,

ce petit poisson (pas plus gros qu’un tétard),

a été introduit dans les pays chauds, pour lutter contre la prolifération des moustiques, transmettant le paludisme.

Toujours pour se débarrasser des moustiques,

il a été ensuite importé dans le sud de la France, surtout dans les marais de Camargue.

Il a été commercialisé, afin que les particuliers puissent en placer dans leurs bassins.

(chose très recommandée par l’organisme chargé de la lutte contre les moustiques)

 

L’invasion

Malgré la présence de prédateurs naturels (oiseaux aquatiques, tortues), sa facilité de reproduction est telle, qu’il envahit toute la Camargue.


Problème

Il est très résistant, très agressif avec les autres poissons, et s’il se nourrit principalement de larves de moustiques, il dévore aussi des œufs d’autres poissons.


Aujourd’hui

S’il n’est pas considéré en France, comme une espèce invasive, il l’est aux Etats Unis.

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Heureusement, toutes les espèces introduites ne s’adaptent pas de cette manière,

à leurs nouvelles conditions de vie.

 Elles ne sont pas classées “invasives”, car elles ne menacent pas le milieu naturel qui les a accueillies.